L’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (Oqai), met en place une nouvelle campagne nationale de mesures et de recueil d’information (démarrée le 13 juin 2013) dans 300 écoles maternelles et élémentaires, soit 600 classes qui seront suivies jusqu’en 2016.
La directrice de recherche à l’Inserm, Isabella Annesi-Maesano, a rappelé lors d’un colloque organisé le 13 juin par l’Oqai que « Les enfants sont plus sensibles aux effets de la pollution de l’air que les adultes ». En effet, la pollution intérieure peut entraîner de nombreux problèmes de santé comme la congestion nasale, des irritations de la peau et des yeux, des réactions allergiques, de l’asthme, des maux de tête, de la fatigue, des vertiges ou encore des nausées. Une qualité de l’air intérieure médiocre peut également provoquer des troubles d’apprentissage, or, dans les pays industrialisés, les enfants passent comme les adultes 80% de leurs temps dans des endroits clos, et plus particulièrement à l’école.
Séverine Kirchner, coordinatrice scientifique de l’Oqai affirme que près de 7 millions d’enfants en France, inhalent une grosse quantité de polluants émis du mobilier, des produits d’entretien et des fournitures scolaires. Il faut noter que les polluants mesurés dans l’air des écoles peuvent être parfois plus élevées par rapport à d’autres lieux de vie, cela est dû au renouvellement de l’air qui est insuffisante.
L’objectif de cette campagne étant d’améliorer la connaissance des polluants présents dans l’air intérieur afin de mettre en œuvre des mesures de réduction et de gestion afin de de protéger au mieux les enfants. Coordonnée par le ministère de l’Écologie, une telle opération avait déjà été menée dans 310 crèches et écoles de 2009 à 2011, dans le cadre du deuxième plan national santé environnement (PNSE2). D’après cette étude, 2 polluants ont été classés prioritaires : les formaldéhydes et les benzènes ainsi qu’un indicateur de confinement, le dioxyde de carbone ont été mesurés. Celle-ci a permis de tester des protocoles et de définir des modalités de surveillance de ces substances. Elle a abouti sur la mise en place d’une règlementation sur la surveillance obligatoire de ces polluants dans les Établissements Recevant du Public (ERP) par deux décrets publiés en décembre 2011 et janvier 2012.
Coordonnée par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), cette campagne nationale 2013-2016 mise en place par l’Oqai sur les écoles, vise à intégrer à la fois l’analyse des polluants présents dans l’air et les poussières au sol des classes pouvant être ingérés par les enfants mais également d’autres éléments de confort comme le bruit, la température et l’éclairage, explique Claire Dasssonville, chercheuse au CSTB.
De plus, plusieurs autres polluants tels que les substances chimiques et agents biologiques seront analysés : plusieurs dizaines de composés organiques volatils (COV) et semi‐volatils (COSV) issus des matériaux plastiques (phtalates), des ordinateurs et des textiles d’ameublement (retardateurs de flamme polybromés), des détergents (muscs de synthèse) ou des traitements insecticides (pyréthrinoïdes) mais aussi les aldéhydes, le plomb et autres métaux (cadmium…), les particules fines et ultrafines (les PM10, PM2,5…), des allergènes d’animaux et des moisissures.
Les prélèvements et mesures dureront près d’une semaine pour chaque classe. Cette opération permettra de percevoir le confort des enseignants ainsi que des enfants dans leurs classes grâce à des mesures de température, de bruit, d’éclairage. Les résultats de ces études ne seront communiqués qu’en 2017.
Quel est le degré d’émissions de ces polluants ?
L’objectif de cette campagne réalisé par l’Oqai consiste à analyser l’impact des différents polluants dans l’air sur la santé des enfants.
Une étude effectuée en 2010 à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) par l’Observatoire, a prouvé grâce aux résultats des mesures menées dans 90 classes de 30 écoles d’Ille-et-Bilaine (d’octobre 2009 à 2010) la présence de nombreux composés organiques semi-volatils (COSV) ayant une forte concentration en phtalates dans les écoles.
Sur les 55 molécules recherchées, huit ont été quantifiées présentant »les plus fortes concentrations quel que soit le milieu de prélèvement (air ou poussières) ». Il s’agit de 6 phtalates (BBP, DBP, DEHP, DEP, DiBP et DiNP) et « dans une moindre mesure » 2 muscs (galaxolide et tonalide).
Mickaël Derbez, chercheur de l’Oqai au CSTB, ajoute qu’il y a « très peu de données à ce jour sur l’impact des fournitures scolaires et des produits d’entretien sur la pollution de l’air des salles de classe ». Une étude exploratoire menée dans une école de Seine-et-Marne a permis pour la première fois d’évaluer les émissions de composés organiques volatils (COV) et d’aldéhydes provenant des produits. 18 fournitures scolaires (pinceau, feutres, encre de Chine, peinture, pâte à modeler, effaceurs, craie…) et 4 produits d’entretien (détergents…) ont ainsi été étudiés par l’Observatoire. D’autres fournitures testées comme la peinture acrylique, l’encre de Chine, le feutre effaçable à sec, la gouache liquide et la peinture vitrail émettent d’importante quantité de COV et/ou aldéhydes élevées.
Cependant, d’après Oqai, on ne peut jamais tirer de conclusion définitive, en effet, les émissions de chaque produit peuvent varier considérablement d’une référence à une autre.
La campagne « écoles » doit elle aussi affiner les recherches dans ce domaine. À l’issue de cette étude, les chercheurs ont déjà mis en place l’étiquetage sur ces produits indiquant le niveau d’émission en polluants volatils. Cet étiquetage est obligatoire depuis le 1er janvier 2012 sur les nouveaux produits de construction et de décoration : le but de ces étiquetages est d’éclairer les consommateurs sur les compositions et sur les émissions des polluants dans l’air ambiant.
Cette étude sensibilise également les enseignants sur l’aération des salles de classe pendant l’usage des produits.
La première étape de la campagne « écoles » de l’Oqai se déroulera de juin 2013 à juin 2014 dans les départements du Bas-Rhin (19 écoles), de Savoie et de Haute-Savoie (18 écoles), des Bouches du Rhône (16 écoles), du Val-de-Marne et de l’Essonne (19 écoles), du Calvados et de l’Orne (19 écoles) et enfin d’Indre et d’Indre-et-Loire (18 écoles).
Merci pour ces informations importantes.