Les désodorisants d’intérieur polluent moins qu’en 2004, mais toujours trop. Qu’ils soient naturels ou industriels, les produits acceptables sont peu nombreux. À éviter si l’on veut respirer un air sain chez soi.
En décembre 2004. Que choisir jetait un beau pavé dans la mare en alertant sur les dangers, pour la santé, des désodorisants d’intérieur : « Polluants d’ambiance « . Les résultats de nos tests étaient sans appel: ces produits faisaient respirer des substances cancérigènes dans le pire des cas, des molécules allergènes ou irritantes autrement. Les industriels avaient bien sûr nié, sans apporter d’éléments susceptibles de contredire nos analyses. Leur principal argument tenait, du reste, en quelques mots: »nos produits sont conformes à la réglementation en vigueur ». Ce que nous avions volontiers confirmé, et pour cause puisqu’il n’existait aucune réglementation sur les émissions de polluants des produits ! À ce jour, c’est d’ailleurs toujours le cas.
…./…. Nos tests sont implacables. Comme d’habitude, le verdict de Que Choisir repose sur des tests. Or nos tableaux le prouvent, si les industriels ont progressé depuis nos précédentes analyses, il reste beaucoup à faire pour que les désodorisants deviennent des produits recommandables.
Depuis 4 ans, la profession a pourtant considérablement réagi en innovant tous azimuts. Le marché s’est réorienté en surfant sur de nouveaux arguments marketing, en particulier la destruction d’odeurs. SC Johnson a dégainé avec Oust, Proctect & Gamble lui a emboité le pas avec Febreze. Plus question de se contenter de masquer les odeurs, on les fait disparaitre. Nous avons mis ces promesses à l’épreuve des faits. Et puis, pour en finir avec la mauvaise réputation qui leur colle à la peau, les parfums d’intérieur se parent de vertus assainissantes. Ainsi, la marque Ambi Pur commercialise Puresse, une gamme « hypoallergénique ». Fort bien, si ce n’est qu’une précision savoureuse figure sur les emballages. Le désodorisant est « formulé pour minimiser les risques d’allergies de la peau », sa qualité hypoallergénique « ne concerne pas les allergies des voies respiratoires ». C’est à se demander si, chez Sara Lee, on n’a pas confondu avec l’étiquette’un déodorant corporel. Du coté de Brise, l’aérosol Brin de muguet est tellement sûr d’assainir l’air qu’il lance une invitation: »venez prendre l’air à la maison ». Au vue de nos analyses, il vaut cependant mieux la décliner.
Cet argument assainissant est également très prisé des désodorisants naturels, ceux qui évitent la chimie de synthèse et recourent aux essences végétales. Phytaromasol se déclare « assainissant aux essences de plantes » et promet « un air sain et vivifiant ». Nos analyses, elles, concluent à un air intérieur trop pollué pour être respiré. Florame donne pour sa part dans l’aromathérapie. Bigre, un désodorisant d’intérieurs qui soignerait les maladies? Le test de Que Choisir y trouve un air très chargé en composés organiques volatils (COV). Pour répondre aux nombreux lecteurs qui avaient été traumatisés par nos résultats de 2004 et souhaitaient savoir s’ils pouvaient employer sans risques des désodorisants naturels, le présent essai intègre des huiles essentielles et un extrait de parfum. Et pour contenter les amoureux d’encens tétanisés par nos précédentes conclusions, deux nouvelles références réputées de qualité ont été introduites. Notre sélection a donc porté sur des parfums d’intérieur a priori plus vertueux que ceux de notre précédente campagne d’analyses.
Malgré ces efforts, les résultats restent négatifs. Le naturel ne garantit pas l’absence de nocivité, les arguments publicitaires ne protègent pas de la pollution de l’air intérieur. Au final, 9 produits sont acceptables sur les 39 analysés. Tous les autres dégradent trop l’air du domicile pour être utilisés. Notre conclusion demeure identique : éliminez les désodorisants d’intérieurs. C’est la meilleure façon de respirer un air sain chez soi. Les fabricants le savent, puisqu’ils donnent des conseils surréalistes. Les mentions « bien ventiler après usage « , « ne pas respirer les aérosols « , » utiliser seulement dans les zones bien ventilées », figurent sur de nombreux emballages. Ces mises en garde sont certes écrites en petits caractères, pour ne pas affoler la clientèle, mais elles sont explicites: les désodorisants d’atmosphères doivent être employés fenêtres ouvertes. Un comble ! Autant s’en passer.
Article extrait de « QUE CHOISIR », Nº 462 de septembre 2008, écrit par Élisabeth Chesnais