Deux jours avant la fin de l’enquête publique du nouveau plan de protection de l’atmosphère (PPA) de l’Ile-de-France, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) diffuse un article consacré aux effets sanitaires de la pollution atmosphérique.
Le BEH rappelle tout d’abord, quelques grandes familles de polluants présentant des risques sanitaires quantifiables pour la population tels que les particules fines (PM10 et 2,5), le dioxyde d’azote (SO2) et l’ozone troposphérique (O3). Puis elle déclare que «Les travaux ont montré une association à court terme entre la mortalité et les concentrations de PM10, d’ozone, et de dioxyde d’azote. Les excès de risque de mortalité totale et cardiovasculaire associés aux particules sont respectivement de 0,5% et 0,7%. Ils sont du même ordre de grandeur pour l’ozone en période estivale, et un peu plus élevés pour la mortalité respiratoire».
Malgré l’existence des valeurs-limites (qui sont peu respectées), les chercheurs insistent sur le fait qu’il «n’existe pas de seuil en deçà duquel aucun impact n’est observé». Il est très difficile d’agir contre la pollution car celle-ci tient à une très grande variabilité de composition chimique, selon le lieu d’exposition, les sources d’émission, la météo ainsi que la saison. Cette déclaration est affirmée par Franck Kelly (King’s College de Londres) : prenons l’exemple des particules «La pollution particulaire de l’air est constituée d’un mélange complexe, présent dans l’atmosphère sous forme de solides ou de liquides qui varient en termes de masse, nombre, taille, forme, surface, composition chimique, ainsi qu’en réactivité, acidité, solubilité et selon leur origine», et même si les particules de sulfates, nitrates, nickel, plomb, zinc et vanadium semblent avoir des effets particulièrement asphyxiants, «chaque composant provient de plusieurs sources et chaque source génère des composants multiples». D’après Franck Kelly «Les combustibles fossiles sont la principale source de pollution particulaire dans le monde», il souligne également que «l’exposition aux émissions du trafic automobile est plus nocive que l’exposition aux émissions des centrales thermiques ou aux masses d’air carbonées secondaires». C’est donc une affaire de proximité entre citoyens et pots d’échappement.
Les spécialistes de la mesure de la qualité de l’air confirment qu’ «Entre 1 et 3 millions de Franciliens (dont 9 Parisiens sur 10) sont potentiellement exposés à des niveaux de pollution atmosphérique qui ne respectent pas la réglementation, principalement le long des axes routiers et dans le cœur de l’agglomération parisienne», Arthur De Pas et Martine Boissavy-Vinau, d’Airparif . Par conséquent, les valeurs-limites de PM10 et de protoxyde d’azote (NO2) sont fréquemment dépassées dans la région parisienne : ce qui vaut à la France d’être traînée en justice par Bruxelles pour les PM10 et probablement bientôt pour les concentrations de NO2… à moins bien sûr que le PPA francilien n’inverse la tendance. Ses principales mesures prévoient, en effet, d’obliger entreprises, collectivités et administrations à organiser des plans de déplacement d’établissement (PDE) dont les résultats sont rarement positifs.
De plus, il prévoit d’instaurer une limite d’émission d’oxyde d’azote pour les chaufferies collectives dont la puissance est supérieure à 2 mégawatts, mais également l’interdiction des émissions de particules pour les groupes électrogènes et surtout pour les «équipements individuels de chauffage à bois». Ceci interdit dans les faits l’utilisation de cheminées. Le PPA bannit aussi le brûlage en plein air des déchets verts, une pratique qui est hors-la-loi ainsi que l’épandage de produits phytopharmaceutiques par grand vent. Le PPA veut également limiter l’utilisation des moteurs auxiliaires des avions de ligne (pour le chauffage et la fourniture d’électricité). Ce que la Direction générale de l’aviation civile a interdit par décret, il y a quelques semaines.